Projets
Projet 90 – Lutte contre la traite des enfants et la réinsertion socioprofessionnelle des victimes dans les villages de Doufelgou et Keran
Description
Durée : 36 mois
Promoteur : Association des Amis des Enfants
Bénéficiaires : 150 enfants
Budget total : 29 756 €
Financement extérieur recherché : 26 780 €
Projet
Les préfectures de Doufelgou et de la Kéran, où le projet sera exécuté, se trouvent dans la région de la Kara. Cette zone située dans la partie Nord du Togo est victime de la traite d’enfants qui est une des plus graves violations des droits humains dans le monde actuel.
En effet, les enfants et leurs familles sont attirés par de fausses promesses des réseaux de trafiquants – promesses d’un avenir meilleur, perspectives d’échapper à la pauvreté – et chaque année, des centaines d’enfants sont transportés clandestinement au-delà des frontières et vendus comme de simples marchandises. Leur survie et leur développement sont menacés, et ils sont privés de leurs droits à l’éducation, à la santé, à grandir au sein d’une famille, et à la protection contre l’exploitation et les abus.
La plupart des enfants victimes de la traite accomplissent : des travaux domestiques, dans les restaurants ou sur les marchés ; dans l’industrie du sexe pour les filles ; dans les plantations ou des mines de diamants. Leurs destinations privilégiées sont le Nigeria, le Gabon ou encore la Côte-d’Ivoire.
Ce phénomène trouve sa source dans l’augmentation de la demande pour une main d’œuvre bon marché et l’augmentation de la pauvreté liée aux programmes d’ajustement structurel et à la crise économique du milieu des années 90.
Dans une étude conduite en 2002 sur 650 foyers par l’ONG Plan-Togo, une majorité de foyers affectés par la traite des enfants, dont 90% se trouvait dans les préfectures de Doufelgou et Kéran, se livrait à une agriculture de subsistance et ne pouvait se permettre d’envoyer leurs enfants à l’école.
Ainsi, la pauvreté est une cause « majeure et omniprésente » de la traite des enfants. Au Togo, entre 33 et 73% de la population totale vit avec moins d’un dollar américain par jour.
En dépit de la garantie par la loi de la gratuité de l’éducation primaire, « les parents disent toujours qu’ils ne peuvent payer les charges scolaires, » a déclaré à Human Right Watch un juge de Bafilo (ville au nord du pays), familier de nombreux cas d’enfants victimes de la traite.
Dans son panorama mondial sur la traite des enfants dressé en 2001, le BIT-IPEC remarquait que « les enfants sans accès à l’éducation n’ont souvent pas d’autre alternative que de chercher un travail dès leur plus jeune âge ».
Concernant les filles, selon certains experts, la traite proviendrait d’une longue tradition voulant que les parents utilisent leurs filles comme domestiques plutôt que de les envoyer à l’école.
En 2002, au Togo, on estimait que les filles avaient 20 % moins de chance que les garçons d’être inscrites à l’école primaire, 25 % moins de chance d’atteindre le lycée. En 1994, l’ONG Anti-Slavery International (ASI) et la branche africaine de World Association of Orphans (WAO-Afrique) faisaient observer « qu’au Togo, il a été démontré que les parents préféraient diriger les filles plutôt que les garçons vers les travaux domestiques, non seulement parce que les corvées de la maison sont traditionnellement perçues comme un ‘travail de femmes’ mais aussi parce que le salaire de la fille aide à financer la scolarisation de ses frères. »
Des études ont également établi un lien entre la traite des enfants et l’effondrement de l’unité familiale causé par le divorce ou le décès d’un parent. L’étude BIT-IPEC de 2001 sur la traite des enfants au Togo montrait que sur les 96 enfants interrogés, victimes de la traite, presque 30 % avaient perdu leur mère, leur père ou leurs deux parents, la plupart pour cause du VIH-SIDA.
Ainsi, on observe que les orphelins du SIDA passaient moins de temps à l’école et que dans certains cas, ils abandonnaient complètement leur scolarité et deviennent des proies faciles pour les trafiquants d’enfants. Un cercle vicieux est créé parce que ces enfants, livrés à leurs seules ressources sans soutien moral, financier ou émotionnel sont vulnérables et susceptibles de sombrer dans la délinquance (vols, drogues) et la prostitution pour y connaître finalement le même sort que leurs parents, à savoir mourir du SIDA.
En plus de la pauvreté, de l’effondrement des structures familiales et du VIH-SIDA, les enfants en milieu rural, les enfants des rues sont également des proies faciles des trafiquants.
Suite au premier Congrès Mondial contre l’exploitation commerciale et sexuelle des enfants à Stockholm, en Suède, en 1996, le Togo conscient du phénomène, a développé un Plan national de lutte contre le travail des enfants et la traite des enfants. Alors que la mise en œuvre de certaines de ces mesures a débuté, le gouvernement togolais a jusqu’à présent été incapable de s’immiscer dans les arrangements privés passés entre parents, enfants et trafiquants, encore moins de s’attaquer aux racines sociales et économiques de ce problème.
C’est pour compléter les efforts du gouvernement que l’Association des Amis des Enfants, plus proche de la population initie ce projet.
Objectifs
Général
Contribuer à la réduction du phénomène de la traite des enfants dans la partie Nord du Togo.
Spécifique
> Améliorer les conditions de vie de 150 enfants vulnérables en les aidants à s’épanouir par une éducation basée sur les valeurs humaines.
> Amener les parents à prendre conscience de leur responsabilité dans la protection de leurs enfants contre les trafiquants d’enfant
> Les enfants des préfectures de Doufelgou et de la Kéran sont protégés contre la traite et le travail forcé.
Résultats attendus
> 150 enfants bénéficient de conditions favorables à leur épanouissement.
> Les populations de la zone du projet ont pris conscience de l’éducation responsable des enfants.
> Les groupements des femmes (50 femmes) sont formées aux activités agro -sylvopastorale pour la sécurité alimentaire et la préservation de l’environnement.