Projets
20. L’école derrière les barreaux
Description
Le présent projet vise à garantir aux jeunes en prison au Cameroun un accès à l’éducation. Outre l’exercice d’un droit fondamental, cela leur permettra de développer diverses connaissances et compétences et de renforcer leurs capacités afin de favoriser leur réinsertion sociale et de lutter contre la récidive. Le projet vise également à favoriser un changement de perception du côté des communautés et des familles, et à restaurer les liens familiaux détériorés par l’expérience de la détention
Durée : 25 mois
Promoteur : Association Grain de Sable ( AGS)
Bénéficiaires : 200 mineurs de 12 à 18 ans
Budget total : 53.686 €
Financement recherché : 13.294 €
Le projet
Contexte
Quelques 800 mineurs âgés de 12 à 18 ans sont actuellement détenus dans les prisons camerounaises dont 76% en attente de jugement, comme indiqué dans un rapport de l’ONG Défense des Enfants International (DEI)-Cameroun et de l’Association des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT), au terme d’une enquête menée dans dix-neuf prisons du pays. Un nombre incalculable d’autres enfants sont détenus dans des cachots des bureaux de police, en attendant un éventuel transfert en prison. A bien des égards, les enfants sont traités comme des adultes tant devant les tribunaux que dans les prisons, et les droits de l’enfant garantis par le droit international sont rarement respectés.
Si le délai de détention préventive des mineurs est de sept mois en moyenne sur l’ensemble du pays, il peut aller jusqu’à deux ans dans certaines prisons, ce qui ajoute à la surpopulation des maisons d’arrêts. Il n’existe aucune alternative à l’incarcération des enfants, ni aucun service pour aider les enfants après leur libération.
Selon la Convention relative aux droits de l’enfant, art. 28; Charte africaine, art. 11; Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), adopté le 16 décembre 1966, entré en vigueur le 3 janvier 1976, art. 13, tous les enfants ont droit à l’éducation, notamment à l’enseignement primaire gratuit. C’est pourquoi, la privation de liberté ne peut et ne doit engendrer la privation des autres droits fondamentaux.
Pourtant, les mineurs qui se trouvent en prison au Cameroun sont retirés du système scolaire suite à leur emprisonnement, les prisons n’offrant aucune possibilité d’éducation. Il est d’ailleurs significatif qu’aucune disposition relative à l’éducation des détenus (notamment des mineurs) n’existe dans la politique nationale d’éducation du Cameroun. Certains de ces jeunes n’ont jamais été à l’école, d’autres ont été obligés d’abandonner leurs études et de partir de chez eux pour trouver du travail après le décès de leurs parents. La plupart de mineurs ne sont en tout cas pas allés au-delà de l’école primaire.
Les mineurs en prison sont des cibles vulnérables et influençables. Le contexte de la prison les expose à la criminalité et à toutes sortes d’abus. Les prisons sont davantage des lieux de formation entre pairs à la délinquance. La scolarisation, la formation et l’aide au développement d’activités génératrices de revenus sont donc des mesures minimales à mettre en place pour contrer ces effets pervers.
De fait, privés de toute activité durant leur détention, incapables de subvenir à leurs besoins ou à ceux de leur famille en gagnant de l’argent, certains de ces jeunes considèrent que ce temps passé en prison est plutôt le moment de se réconcilier avec l’apprentissage, notamment de tirer profit de ce « temps libre » pour apprendre à lire et à écrire.
Les objectifs
Global
> Garantir aux mineurs en prison au Cameroun le respect de leur droit à l’éducation et favoriser leur réinsertion dans la société en développant leur confiance en eux et en restaurant une image positive des détenus
Spécifiques
> Favoriser un cursus scolaire identique à celui du milieu libre (CEP, BEPC, PROBATOIRE, BAC…)
> Faciliter l’accès au savoir des détenus : bibliothèques, nouvelles technologies éducatives, pratiques culturelles et socio-éducatives…
> Stimuler les jeunes à créer des activités génératrices de revenus ;
> Mettre à disposition des jeunes en prison une salle de détente ;
> Améliorer les conditions de vie des mineurs en prison ;
> Faire intégrer l’éducation des mineurs en prison dans le programme d’éducation nationale.
> Sensibiliser les familles et les communautés aux droits de ces mineurs, à la réalité de la vie carcérale et favoriser la reconstitution des liens familiaux.
Les résultats attendus
> Des centres de formation opérationnels donneront aux jeunes prisonniers l’accès à la scolarisation, l’information et autres services requis
> Des formateurs reçoivent une formation appropriée et de qualité pour répondre aux exigences de l’éducation de mineurs en prison
> Des activités génératrices de revenu (AGR) sont mises en place et renforcent le projet de formation professionnelle tout en valorisant les jeunes détenus
> Les familles / communautés sont sensibilisées; les relations avec les mineurs détenus sont améliorées et offrent des conditions plus favorables à la réinsertion.
> Le système de Coordination, Suivi et Encadrement de l’exécution du projet est renforcé.